11ème Conversation du TyA à Bruxelles, le 3 octobre 2009
Accueillir les situations problématiques
Epinglage de la Conversation du TyA par Jean-Louis Aucremanne
Présentations : Etienne Dubois, Marie Vlayen (Enaden) ; Marie-Françoise De Munck (Sanatia) ; Virginie Gerlage, Marie-Antoinette Hennin, Alain Rosenberg, Anne Slimbrouk (Projet Lama).
Discutants : Patrick Lejuste, Géraldine Somaggio, Dominique Lauwers, Bernard Seynhaeve.
Au cours de cette Conversation et même pendant ses préparatifs – , je pensais à deux formules de Lacan : « La clinique, cest le réel comme impossible à supporter » et « ne pas reculer devant la psychose » – à laquelle nous avons souvent affaire dans notre clinique.
Jépinglerais les trois cas présentés sous la rubrique du « débranchement », débranchement social, débranchement du corps. Il se fait que les trois cas ont un diabète quils soignent mal (notamment en continuant à consommer) ou refusent de soigner. Si bien que leurs situations (sociale, physique) imposent un recours à linstitution, pour des choses élémentaires : trouver un lieu, un lien, une aide sociale, des soins Mais même avec cet accompagnement, ils ratent leurs rendez-vous médicaux, administratifs, reconsomment, sont en proie à la persécution (parfois de léquipe) ou au « laisser tomber ». Cest là toute la difficulté de ces cas.
Le premier cas (Enaden) dit que « tout va bien », alors que sa situation est catastrophique. Se pose la question dune assistance « plus directive », sans quoi le sujet se laisse aller. « Ne sommes-nous pas trop directifs ? » se demandent les intervenants. « ou peut-être pas assez », répond Alfredo Zenoni.
Dans le deuxième cas (Sanatia), la patiente, alcoolique, fait des allers et retours entre son domicile (où elle se retrouve bientôt persécutée, déprimée, boit) et lhôpital, où tôt ou tard elle retrouve la persécution, reconsomme, et interrompt son séjour. Dans ce va et vient, elle trouve cependant un fil, un temps de parole avec la psychologue, en position « marginale », « douce et gentille », où les entretiens tiennent à un fil : parler des petits riens de la vie quotidienne, nexcluant pas la note dhumour, tout en tenant à lécart ses identifications ravageantes, « alcoolique », « déprimée ».
Le troisième cas, reçue en consultation au Projet Lama, est aussi persécutée, elle récuse son diabète (grave), refuse le traitement, ou sen méfie. Léquipe, inquiète, pense à une hospitalisation forcée, hésite, opte finalement pour la manuvre dun « doux forçage », difficile. Quelques points cependant « tiennent », comme limportance pour elle du rituel de laccueil : la tasse de café, et la présence de laccueillante, qui compte beaucoup. Dun autre côté, pour lamener aux soins, lintervention du directeur médical, si cela la flatte, est de peu deffet, du moins dans limmédiat. Mais lintervention dun infirmier qui y met du sien, se positionnant comme un autre semblable, et pratiquant devant elle le test de glycémie sur lui-même, permet à la patiente de consentir quelque peu aux soins.
De tout cela se dégagent à la fois une flexibilité des intervenants, des manuvres de finesse, une attention aux éléments du transfert (ténus, précis), et la question dune intervention qui « fasse le poids » pour contrer ou réfréner la jouissance ravageante. Nous sortons de cette Conversation, encouragés, devant ces « situations problématiques », à poursuivre le travail et létude, avec les repères que nous donne la psychanalyse : le réel, le transfert, et le maniement de la parole, pas lun sans les autres.
J-L Aucremanne
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