Éditorial
Plutôt que d’entamer la lecture de ce numéro par le début comme il est d’usage de le faire, reporte-toi d’abord, cher lecteur, une fois n’est pas coutume, à l’article qui clôt le numéro. Soit commence par la fin. Tu y découvriras avec un certain amusement comment un artiste qui se compose de deux personnes, Gilbert et Georges, et dont une des œuvres illustre la couverture, conçoit le couple de manière très particulière. En bref, disons que pour eux, 1 + 1 = 1. S’agit-il d’un couple sans Autre ?
Avec Lacan, nous assistons à une autre particularité arithmétique concernant le couple puisque pour lui, 1 + 1 = 3, le tiers terme étant le Phallus qui permet l’écart entre les deux termes où le désir peut venir se loger.
Nous sommes ici dans le cadre du couple sexué quel qu’il soit. Mais qu’en est-il lorsqu’il s’agit du couple mère – enfant ou père – enfant ? C’est alors la question de la place qu’occupe l’enfant dans le désir parental qui se pose. On se référera entre autres ici à sa « Note sur l’enfant ».
Lacan a décliné bien d’autres versions de ces problématiques du couple au cours de son enseignement, et ce notamment à travers la relecture qu’il fait des grands cas freudiens – par exemple, celui de Dora –, dans son commentaire sur Hamlet, ou encore dans sa reprise de l’analyse du rêve de la Traumdeutung : « Père, ne vois-tu pas que je brûle ? ». Mais c’est aussi la construction par Lacan du schéma de la sexuation dans le Séminaire xx qui permet de lire l’articulation de ce qui pour l’humain d’une manière générale fait couple. Ce ne sont là que quelques figures que vous rencontrerez à la lecture de numéro.
Car le couple, c’est aussi celui du toxicomane avec son produit, ou celui plus récent du sujet avec l’objet numérique. Dans ce dernier cas, c’est dans l’espace virtuel que nous nous retrouvons, espace qui nous introduit à un mode de lien social inédit.
Le couple, c’est aussi le rapport du sujet à l’objet de son fantasme, le type de lien qu’il entretient avec son Autre, ou encore avec son symptôme, tel que le déplie J. – A. Miller dans son cours « Le partenaire-symptôme ».
Bref, ce qui fait couple peut se décliner de bien des façons !
Cette nouvelle livraison de Quarto est la dernière de l’équipe de rédaction qui a assumé pendant ces deux dernières années cette tâche avec sérieux et entrain, et que je profite ici pour remercier du travail accompli. Je souhaite bon vent à Daniel Pasqualin et à son équipe qui, à partir de janvier 2015, assureront le relais.
Philippe Stasse
Sommaire
Éditorial
Faire couple
Patricia Bosquin-Caroz : Le réel du couple
Fouzia Taouzari-Liget : Un partenaire en cache un autre
Fabian Fajnwaks : Couples (a) sexués
Emmanuelle Borgnis Desbordes : Folles alliées
Nadine Page : Entre mère et fille
Laure Naveau : Hystoire d’une moitié d’acte manqué
Esthela Solano :Un couple à quatre
Pierre Naveau : La rencontre manquée entre le père et le fils
Vincent Benoist : Le fiasco pervers
Pascal Pernot : L’homme qui n’était pas une femme comme les autres
Pierre-Paul Costantini : La prison ou l’impasse du silence
Éric Laurent : Faire couple avec l’objet numérique
L’orientation lacanienne
Jacques-Alain Miller : De l’Autre à l’Un
La passe
Bruno de Halleux : Aimer après la passe
Anne Lysy : Déchanter ?
Hélène Bonnaud : Réel, résistance, restes
Bernard Porcheret : Le cri ne surgit pas du silence, il le produit
Travaux
Pierre Malengreau : Retrouver, c’est le piège de l’histoire
Institution
Dominique Holvoet : Quand la collectivité rencontre la singularité
Un artiste
Marc Segers : Gilbert and Georges : l’art qui fait couple
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